La bataille du fossé

La « bataille du fossé » eut lieu en l’an 5 de l’Hégire (mars 627 de notre ère). Pour se préparer à l’attaque imminente par Abou Soufiane et l’armée qoraychite, les musulmans creusèrent un fossé défensif autour de Médine, neutralisant ainsi la cavalerie mecquoise.

Les Qoraychites, ennemis du prophète, et leurs alliés s’attendaient cette fois-ci à neutraliser rapidement les musulmans, leur étant bien supérieurs en nombre. Les forces musulmanes étant au maximum de leurs capacités, il semblait que la bataille allait être brève et les dépouilles de guerre importantes.

Mais quand les Qoraychites atteignirent la périphérie de Médine, ils furent confrontés à un obstacle inattendu. La tranchée qui encerclait la ville empêchait en fait les Mecquois d’utiliser leur cavalerie, rendant toute attaque de front extrêmement dangereuse. Ayant échangé quelques insultes, puis des flèches avec les musulmans, l’attaquant installa son camp à l’extérieur du fossé d’enceinte pour étudier la manière de procéder.

Les deux camps se trouvaient dans l’impasse et les jours passèrent. Toutefois, chaque jour que les Qoraychites et leurs alliés étaient contraints d’attendre de l’autre côté du fossé, incapables de prendre une action décisive, était une victoire pour Muhammad. Ils étaient confrontés non seulement aux problèmes d’approvisionnement qui, au fil du temps, assaillent toute armée se trouvant loin de sa base, mais aussi au phénomène de démoralisation qui affecte les soldats certains d’une victoire aisée, qui se rendent soudain compte de leur impuissance.

De plus, l’inaction engendre la désunion. Les Qoraychites étaient conscients du fait que les membres des tribus qui s’étaient joints, de l’est, à la marche sur Médine, n’étaient pas réellement voués à la cause qoraychite : ils étaient plus motivés par le butin que par les principes.

Puis le temps empira. Pendant plusieurs jours, la pluie tomba incessamment, aggravant le désagrément engendré par le froid exceptionnel. Enfin, une nuit, il se leva un vent hurlant et violent qui, avec l’obscurité de la nuit, la pluie battante et le froid cinglant, fit naître la terreur dans le cœur des Qoraychites et de leurs alliés. Le vent avait abattu toutes les tentes, laissant les occupants entièrement exposés aux intempéries. Les feux de camp s’éteignirent, privant les soldats de confort et de chaleur. Pris de panique, les animaux couraient dans tous les sens, donnant des coups de pied à leurs maîtres et les blessant. L’attaque de Médine avait échoué. Grâce à l’ingéniosité des musulmans, au déchaînement des éléments, et par-dessus tout grâce à la volonté d’Allah, la parole du prophète s’était accomplie et les ennemis de l’islam avaient été une fois de plus contrecarrés.

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